Mode de vie

Parler ouvertement de mon projet d’indépendance financière

Pour la première fois, j’ai discuté ouvertement avec des amis proches de notre projet d’indépendance financière qui nous permettrait de nous retirer de nos emplois à la mi-trentaine si nous le désirons. J’ai mentionné quelque bémols et défini le projet comme l’idée que nous investissons suffisamment pour créer techniquement notre propre “fond de retraite” nous permettant d’être libres de faire ce que nous désirons

J’ai expliqué que j’aimerais bien poursuivre certains projets d’entrepreneuriat, tel que me lancer dans le coaching financier lorsque je quitterai mon emploi, mais que si je ne fais rien du tout, nous devrions pouvoir financer notre coût de la vie grâce à nos investissements. Poursuivre différents projets d’entrepreneuriat lorsque nous aurions plus de temps libre serait bien amusant et pourrait ajouter une certaine sécurité financière à l’idée de ne pas dépendre entièrement de nos investissements lorsque je quitterai mon emploi.  

Mes amis m’ont écoutée attentivement alors que je leur expliquais rapidement les grandes lignes de notre plan d’indépendance financière et, honnêtement, je ne savais pas à quoi m’attendre comme réaction. 

Projet secret

J’ai toujours évité de discuter de notre projet d’indépendance financière lorsque je suis avec des amies. Bien que mon groupe d’amies proches se voit régulièrement depuis avant l’université (12+ années), les conversations sur l’argent, comme avec la plupart des groupes d’amis, demeurent plutôt légères. 

Nous avons toutes des revenus et des situations de vie bien différentes. Nous avons pris de nombreuses décisions différentes au cours de nos vies et essayons toutes de ne pas porter de jugement l’une envers les autres pour ce qui est des décisions monétaires, question de soutenir nos amies. Tant bien que mal, il semble que parler d’argent nous donne le sentiment de s’éloigner d’un endroit de soutien et de se diriger vers du jugement. 

Cependant, je me suis rendu compte récemment que le fait d’éviter ces conversations sur l’argent, n’aide en aucune façon à les rendre plus confortable. De plus, ne pas partager mon projet d’indépendance financière avec mes amies me donne l’impressions que je ne suis pas ouverte avec elles et que je garde en quelque sorte une partie importante de ma vie secrète. 

Pourquoi parler de finances personnelles nous rend mal à l’aise? 

Ce qui soulève la question de savoir pourquoi parler d’argent donne l’impression de nous diriger vers un esprit de jugement. On tombe peut-être dans le piège de comparer des situations personnelles complètement différentes les unes que les autres. Est-ce que je vais avoir l’air de me vanter? Vais-je me faire refiler la facture quand on sort en groupe? Est-ce que je vais sembler juger les autres qui ont du mal à ne pas joindre les deux bouts ou à économiser davantage? Ou l’inverse, vais-je paraître incompétente? Mes amis vont-ils percevoir mes choix comme étant des erreurs? 

Peut-être que cela tombe dans l’idée que l’argent révèle trop de choses de notre vie ou qu’il s’agit d’un type de “partage excessif”. Ou est-ce que nous pensons que c’est un sujet qui fera dérailler la conversation vers une trajectoire sombre, sérieuse et non amusante? Se pourrait-il que nous estimons avoir peu d’influence sur l’amélioration de la vie financière de nos amis? Est-ce que nous imitons simplement les conversations que nous avons observées en tant qu’enfant, où une conversation sur l’argent entre adultes était chose rare ou un sujet de conflit? 

Je n’ai pas particulièrement de réponses sur les raisons pour lesquelles l’argent est si tabou. J’ai toutefois ressenti certains des sentiments ci-dessus à différents moments. Cependant, interagir de plus en plus avec la communauté des finances personnelles m’a permis de réaliser certaines choses importantes. 

Je veux: 

  • rendre les conversations sur l’argent quelque chose de plus confortable dans les conversations de tous les jours, 
  • être plus ouverte à propos de notre trajectoire,
  • Partager les connaissances et compétences en matière de gestion de l’argent. 

Partager mes plans

Pour être honnête, je ne pensais à rien de tout cela lorsque entourée de trois amies, j’ai mentionné que mon plan est de ne plus avoir besoin de travailler à environ l’âge de 36 ans. J’ai tout simplement répondu avec honnêteté lorsque l’une d’entre-elles m’a demandé “Et toi, planifies-tu de gravir un jour les échelons au travail et si oui, quel sera l’impact par rapport à travailler de la maison à temps plein?”.

La première réaction à mon explication a d’abord été des exclamations de surprises suivis rapidement par : “Comment? Combien économisez-vous?” J’ai expliqué que nous économisons plus de 50% de nos revenus, tout en ajoutant que M. Mod et moi-même avons des revenus qui s’approchent chacun des 100,000$.  

En y réfléchissant après coup, c’est un bémol intéressant puisque nous économisions 50% de nos revenus même lorsque le revenu total de notre ménage était inférieur à 100,000$. J’ai en quelque sorte eu l’impression qu’en ajoutant ce détail, je montrais que je comprends que notre situation n’est pas nécessairement reproductible dans toutes les circonstances. 

Je ne sais pas si cela a réellement aidé mes amies à se sentir plus à l’aise, mais la deuxième chose qui a été dite simultanément par deux de ces amis était: “J’adore ça et j’aimerais vraiment que quelqu’un m’aide avec mon propre budget”! 

Permettre aux autres de partager

Une de ces amies a ensuite expliqué qu’elle luttait pour éviter de s’endetter davantage après deux congés de maternité dans les 5 dernières années. Au cours de certaines périodes où les paiements lors de son congé de maternité étaient de 50% de son salaire, elle s’est retrouvée dans des situations où la seule option était de contracter des dettes de carte de crédit. 

Même si elle est de retour au travail depuis quelques mois, elle parvient à peine à payer les intérêts sur cette dette et est terrifiée à l’idée de se retrouver dans une situation où un appareil électroménager pourrait casser ou une urgence encore plus coûteuse, car elle n’a aucune idée de l’endroit où elle trouverait l’argent pour y faire face. 

Bref, je vais rencontrer cette amie dans les prochains jours pour examiner ses finances et l’aider à s’établir des objectifs et des moyens de suivre son progrès. Parler plus ouvertement à propos de mes propres objectifs financiers, même si très différents de ceux de mes amies, semble leur avoir permis de s’ouvrir par rapport à leur propre situation financière.

Hors de notre contrôle

En fin de compte, la réaction des autres à ce que nous partageons tombe, du moins en grande partie, hors de notre contrôle. On peut faire de son mieux pour transmettre l’information tout en étant attentif aux autres autour de soi, mais parfois les gens vont mal réagir.  Bien sûr, soyez tout de même réceptifs aux commentaires des autres lorsque vous discutez de finances. Évitez de juger les choix des autres puis essayer de parler de votre propre situation en évitant de faire des comparaisons avec la situation des autres. 

Je crois cependant que ce que j’imaginais comme façon dont les autres pourraient réagir à mon partage de nos plans d’indépendance financière était quelque peu exagéré et tendait vers des résultats plutôt pessimistes. Même dans le pire de ces scénarios imaginés, tout irait bien et rien de catastrophique se passerait après une mauvaise réaction de la part de quelqu’un dans ma vie. 

Conclusion

Bien que je ne sois pas tout à fait prête à partager ouvertement tous les détails de mes finances dans mes conversations de tous les jours, ou même discuter du fait que je maintiens ce blog depuis deux ans et demi, je souhaite de plus en plus parler de notre projet d’indépendance financière avec les gens dans ma vie.

Partager ma propre expérience peut aider d’autres d’en apprendre davantage sur cette idée d’indépendance financière. Même s’ils n’ont aucun intérêt à suivre la même voie, cela peut leur permettre de s’exprimer par rapport à leurs objectifs, difficultés et expériences avec leurs propres finances, qui constituent une énorme partie de leur vie. 

Je ne peux qu’espérer que le fait de parler plus ouvertement de ceci contribue à briser le tabou qui règne autour de l’argent et à rendre les conversations à ce sujet plus confortables. 

Comment abordez-vous le sujet des finances personnelles dans votre vie quotidienne? Vos projets d’indépendance financière sont-ils abordés lors de conversations avec vos amis?

7 réflexions sur “Parler ouvertement de mon projet d’indépendance financière

  1. Bonjour Ms. Mod,

    C’est vrai que l’argent est tabou au Québec, mais j’ai moi aussi du mal à expliquer pourquoi.

    Je suis d’accord avec les pour et contre mentionnés dans cet article à propos de parler de son projet d’indépendance financière avec son entourage. Je suis bien heureux pour vous que ça se soit bien passé et que la conversation soit restée sérieuse, mais informative! Je pense que c’est lorsqu’on commence le jeu de comparaisons personnelles que ça vient malsain.

    Lorsque j’en ai parlé avec mon entourage, ça s’est plutôt mal passé. Après quelques minutes de conversation à peine, une personne de mon entourage m’a dit (et je cite) : « C’est une idée complètement stupide ». Une autre personne m’a dit : « Tu vas t’ennuyer à ne rien faire pendant que toutes les autres personnes « normales » seront au travail ». Alors j’ai décidé de ne plus en parler avec mon entourage et de continuer d’écrire sur mon blogue et sur les autres communautés FIRE en ligne.

    C’est bien dommage!

    1. Même chose ici….Même si l’arrivée de 3 enfants a retardée mon projet d’indépendance financière. Souvent les gens me pose des questions, car ils voient bien qu’à salaire égal, nous n’avons pas le même rythme de vie. Pas de grosse maison, pas de voyage dans le sud, pas de 2e voiture…Par, contre, les gens sont assez fermés et même sur la défensive lorsque je leur parle de mes choix de vie et à quel point je me sens libre. Je pense que ça les confronte profondement dans leurs valeurs….

      1. Très intéressant que tu as la même expérience Laurie. Pas évident d’aller à contre-courant! Vivement que le sentiment de liberté qui vient avec vaut tellement plus que la réaction des autres😉.

        Je me dis que pour toutes les 5 personnes qui tombent sur la défensive, si une autre personne peut en être inspirée, tant mieux 😉.

        Merci pour ton commentaire!

    2. Salut R101,

      Merci pour le commentaire.

      Je suis désolée qu’avec ton entourage ça se soit plutôt mal passé! Ça semble être les traditionnels stéréotypes qu’ont souvent les gens face à l’idée.

      C’est effectivement dommage que l’argent est si tabou puisqu’on perd de belles occasions d’apprendre en évitant le sujet. Je crois que j’ai eu de la chance avec le groupe d’amies en particulier avec qui j’en ai discuté, je ne m’attends pas à toujours tomber sur une aussi bonne conversation.

      En espérant qu’au fur à mesure que ton entourage voit les bénéfices de cette liberté que tu te crée au fil des ans en te rapprochant de ton objectif, qu’ils deviennent un peu plus intéressés ou au moins respectent tes décisions 😊.

      Au plaisir!

  2. Bonjour Ms. Mod !

    Au début nous évitions de révéler notre projet d’indépendance financière, même à nos proches. Mais avec le temps nous n’avons pas réussi à garder le secret et en avons parlé avec certains de nos amis et parents respectifs. Mon père comprend notre démarche mais s’inquiète souvent du fait qu’on ne semble pas profiter suffisamment de la vie et trouve qu’on pourrait se gâter plus. Le frère de l’Ingénieuse a décidé d’embarquer dans le mouvement FIRE lui aussi. Pour les amis, nous sommes sélectifs et n’en avons parlé qu’avec ceux que le sujet pourrait intéresser. Comme tu dis, on ne veut pas confronter nos amis inutilement, en les exposant à une conception différente de l’argent qu’ils pourraient percevoir comme un jugement de leurs choix de vie. Mais je me rend compte qu’il s’agit surtout de l’auto-sensure.

    Étonnamment, nous n’avons jamais ressenti un choc en amenant le sujet. Au contraire, ça soulève des questions pertinentes. « À quel âge vous pensez prendre la retraite ? », « Combien de % vous épargnez ? », « Est-ce que vous incluez votre maison dans vos épargnes ? », etc.

    Je suis authentique avec mes amis et je m’attend de la même chose de leur part. Dans un de mes groupes d’amis de gars, il nous arrive parfois de parler de finance autour d’une bière. On parle du coût d’avoir une voiture ou pas, des revenus de dividendes de 9 000 $ de mon ami, de pourquoi on se paye un traiteur, etc. Et dans ce cercle d’amis les salaires évoluent entre 35 000 $ et 120 000 $. Et vous seriez surpris de découvrir le rapport à l’argent de chacun. Ce que certains considèrent comme une dépense excessive peut être une gâterie normale pour un autre. Et ce ne sont pas toujours les plus gros salaires qui dépensent !

    J’ai même sorti du placard avec mes collègues autour de la table au dîner. Les jeunes étaient soit surpris ou curieux. On me demandait quels placements j’utilisais, si je connaissais le Canadian Couch Potatoe, etc. On m’a fait quelques remarques douteuses aussi bien sûr. Un collègue plus âgé a fait des blagues avec mes choix d’auto usagées alors qu’il venait de s’acheter une audi décapotable. Il me disait que pour lui il était trop tard de toute façon et il a pris sa retraite à 64 ans.

    Nous avons partagé le lien de notre blogue avec quelques amis, un voisin et un collègue, qui commentent parfois sur nos articles. Par contre, on ne partage le blogue qu’avec ceux qui vont respecter notre anonymat sur la toile.

    On joue peut-être avec le feu, mais comme ailleurs dans la vie, il peut se révéler bénéfique d’être authentique. Mais il faut s’attendre à ce que cette authenticité désarme ceux pour qui les finances sont un sujet tabou ! Essayez de demander à vos collègues combien ils ont payé leur maison, et vous verrez que plusieurs vont refuser de vous le dire! Moi souvent je commence en disant notre hypothèque de la façon la plus anodine possible et je regarde leur réaction. C’est un peu comme « je te montre la mienne, tu sors la tienne ». Il faut dédramatiser le sujet des finances. On a tellement à apprendre des autres !

    1. Salut l’Ingénieux,

      J’adore voir la progression du partage de l’idée au fil du temps! C’est intéressant que ton père s’inquiète par rapport à l’idée de pouvoir vous gâter plus puisque mes propres parents ont souvent fait de tel commentaire. Je dois dire qu’avec le temps ils semblent mieux voir qu’on se gâte amplement par rapport à ce qui est important pour nous, mais ça prit un certain temps disons! Super pour le beau-frère qui a embarque dans le mouvement FIRE :).

      Je suis bien contente de savoir que vous n’avez pas ressenti de choc. Je crois que dans certains cas, la façon d’approcher le sujet peut faire une grande différence. J’adore cette idée de désarmé ceux pour qui les finances sont un sujet tabou par l’authenticité.

      C’est une bonne approche pour le partage du blogue. C’est toujours une question qui me trotte dans la tête et je verrai si avec le temps nous le partagerons avec des proches.

      Merci pour ces excellentes réflexions!

  3. Mon point de vue, j’aime l’authenticité en amitié, en amour, en famille. Mon projet d’indépendance financière est mon plus grand projet de vie, il est une etape importante dans ma vie pour me réaliser pleinement en tant que personne. Je n’hesite pas à en parler aux gens qui sont importants pour moi… plusieurs y ont vu une de mes lubies, mais après 6 ans à en parler encore et encore et à les tenir au courant de mes progrès, la plupart ont accepté que j’avais une tête de cochon et que ça allait être ça. Il y a eu du ressentiment avec certaines personnes et je me suis éloigné de certains parce qu’au final, on n’avait plus rien en commun.

    Pour moi, un vrai ami devrait être content que tu trouves un sens, quelque chose qui te tient à coeur…

    Certaines personnes aiment stagner dans leur vie, d’autres aiment évoluer, grandir, se questionner, se redéfinir, faire évoluer leur trajectoire de vie… Moi je suis du 2e type.

    Bref, bien que ça n’aie pas tjrs ete bien reçu (surtout avec des collègues de travail), je n’hesite pas à parler de mes projets, de mon évolution… avec ceux qui m’entourent.

    J’ai constaté qu’avoir des enfants avait aussi eu le même effet… je me suis rapproché de certaines personnes et éloigné d’autres personnes. Avoir des enfants ça fait sortir la vraie personnalité et les vraies valeurs je trouve. J’ai été déçu de voir comment certaines personnes traitaient mes enfants ou leurs enfants plus encore que de voir que certaines personnes n’avaient au fond que du ressentiment/jalousie face à mes revenus, taux d’épargne, progrès…

    Je n’ai personnellement pas un grand besoin d’etre entouré, alors lorsque j’ai quelqu’un dans mon entourage, j’ai besoin qu’il m’accepte tel que je suis, qu’il me respecte, qu’on partage des valeurs similaires sur ce qui est fondamental. Je n’ai pas de temps a perdre avec des gens qui ne me respectent pas, parlent dans mon dos ou me jugent dans mon dos….

    Je trouve donc qu’aborder des sujets fondamentaux comme ça c’est apprendre à se connaître réellement. Apres on peut decider d’accepter ou pas l’autre…

    J’ai passé trop de temps dans ma vie à “niaiser” avec des gens qu’au fond je ne connaissais pas et eux non plus ne me connaissaient pas… Maintenant que je suis pere de 2 jeunes enfants, j’ai tres peu de temps a consacrer aux autres alors aussi bien le consacrer a des personnes de qualité qui ont de la profondeur, qui sont authentiques et en adequation avec moi-meme 🙂

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